2ème arrondissement – Les chapeaux de la rue des Forges (2006)

2ème arrondissement – Les chapeaux de la rue des Forges (2006)

A l’angle des rue du Caire, du Nil et d’Aboukir, deux petites rues se donnent la main pour une ronde, les rues de Damiette (toujours ce parfum oriental) et la rue des forges. C’est là , très précisément, au centre du cercle, que se situait la fameuse cour des miracles. Le quartier, même débarrassé de ses mendiants et de son chef, le roi de Thunes, par le lieutenant de police La Reynie en 1667, garda longtemps sa mauvaise réputation. Il faut dire que Victor Hugo s’employa avec son immense talent à  en perpétuer le souvenir et que malfrats corses et marseillais, plus près de nous, en avaient fait leur quartier général. Plus de danger aujourd’hui : les malandrins ont disparu ou ne se montrent plus et les prostituées sont cantonnées plus à  l’est, vers la rue saint Denis et la rue Blondel, où évidemment je ne conseillerai à  personne de photographier les passants pour le « pittoresque »… Mais sur le petit périmètre de ce qui fut le centre de la pauvreté et de l’exclusion de la capitale, ce sont les ateliers de couture qui ont pris le relais et, pour accompagner vos pas, le ron-ron des machines à  coudre ou le roulement sonore des chariots des petits journaliers qui déménagent portants de robes ou cartons de fringues branchées d’un magasin à  l’autre. C’est le moment de guetter ce que sera la mode de cet été: les chapeaux et les rubans font un retour en force et les pastels seront de mise. Il n’y a plus qu’à  dénicher le petit haut pour aller avec. (2006)

 

© gérard Laurent pour ParisCool, les photos de Paris

2ème arrondissement – Ouvrier goudronneur (2004)

2ème arrondissement - Ouvrier goudronneur (@Gérard Laurent - 2004)

 

Ah, qui dira l’exquise jubilation quand, au détour d’une rue, ici dans le deuxième, on hume l’odeur du goudron chaud craché par une machine d’un autre âge, dans les seaux en bois des ouvriers en charge de refaire un bout de trottoir. Quel enfant n’est pas resté cloué des heures durant à admirer la lente coulée brûlante se répandre sur le sol, amoureusement lissée au rateau, pardon, au rablet? Alphonse Allais aurait sans doute ajouté que le bitume des trottoirs, c’est tout ce qui manque à la campagne pour être vraiment supportable!…

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2ème arrondissement – L’hôtel d’Angers

 

020016 - Paris - L'hôtel dAngers

 

Que de souvenirs, que de destinées dans ces petits hôtels qui s’accrochent à leur trottoir et qui disparaissent l’un après l’autre dans les remous de la grande ville. On les appelait souvent « meublés » car les touristes d’un jour y étaient rares. On y logeait au mois, souvent à l’année et l’abri qu’ils offraient n’avait pas de prix. Comme aujourd’hui, et avec combien d’urgence!

 

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2ème arrondissement – Le pigeon en terrasse rue Montorgueil

020015 - le pigeon en terrasse rue Montorgueil

Les pigeons à Paris n’ont pas la vie facile, même s’ils font souvent preuve d’une ingéniosité et d’une audace qui mériteraient un peu de respect. Celui-ci n’avait pas hésité à s’aventurer sur le guéridon d’une terrasse, en prenant bien soin tout de même de ne pas s’approcher trop près de la vitrine brisée. Puisqu’on vous dit que les bâches sont moins dangereuses et surtout plus jolies…

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2ème arrondissement – Le bar-tabac Le Balto

2ème arrondissement - Bar-tabac Le balto

Rien de plus banal que ce nom de Balto pour les bars-tabac. Chaque ville, chaque quartier a encore le sien, comme celui-ci, au coin de la rue Saint Marc et de la rue Montmartre. Qui se souvient que nos tabacs luttèrent pour le désendettement de la France, une mission de très longue haleine comme le montrent nos comptes publics? En 1926, la Seit, ancêtre de notre Seita, fut rattachée officiellement à la Caisse autonome de gestion des bons de la défense nationale, d’exploitation industrielle des tabacs et d’amortissement de la dette publique. On n’était pas à un amalgame près et on voit que certains de nos ministères d’aujourd’hui n’ont rien inventé. Quant à l’origine de ce nom de Balto, si répandu, il fait débat. Certains prétendent qu’il s’agit d’une allusion au chien de traîneau Balto qui participa en 1925 au transport d’un sérum entre Anchorage et Nome en Alaska mais je penche plutôt pour une allusion directe aux fameuses cigarettes Balto mises sur le marché en 1931, qui virent l’introduction du tabac blond en France jusqu’alors bastion inexpugnable du tabac brun. Quant à la marque Balto elle même, elle serait le diminutif de Baltimore dans le Maryland d’où venait ce tabac au goût d’ailleurs. Peu importe, asseyons-nous à cette terrasse et goûtons un peu au charme matinal du petit noir et de la lecture des nouvelles.

© gérard Lavalette pour ParisCool, les photos de Paris

2ème arrondissement – Série noire rue Beauregard

 

2ème arrondissement - Série noire rue Beauregard

Il y a des soirs comme ça, et des quartiers aussi, où la lueur d’un réverbère, l’ombre d’un coin d’immeuble, les marches d’un escalier, les fenêtres indiscrêtes où s’agitent derrière des rideaux de fortune des silhouettes indécises, il y a des coins de rue où les images des romans noirs de Simenon ou de Léo Mallet vous reviennent en mémoire. Impossible alors de ne pas jeter un furtif coup d’oeil par dessus son épaule et de ne pas hâter son pas en guettant l’écho d’autres semelles qui semblent s’attacher aux vôtres. Par où s’éloigner de ces ombres? Par la rue Beauregard? Par les dix marches de la rue des Degrés, par la rue de Cléry? A deux pas, les filles s’enfoncent dans les portes de la rue Saint Denis et de la rue Blondel, d’autres ombres se fondent dans de sordides passages. Oui vraiment ce Paris de polar n’est pas si loin.

© gérard Laurent pour ParisCool, les photos de Paris