A l’angle des rue du Caire, du Nil et d’Aboukir, deux petites rues se donnent la main pour une ronde, les rues de Damiette (toujours ce parfum oriental) et la rue des forges. C’est là , très précisément, au centre du cercle, que se situait la fameuse cour des miracles. Le quartier, même débarrassé de ses mendiants et de son chef, le roi de Thunes, par le lieutenant de police La Reynie en 1667, garda longtemps sa mauvaise réputation. Il faut dire que Victor Hugo s’employa avec son immense talent à en perpétuer le souvenir et que malfrats corses et marseillais, plus près de nous, en avaient fait leur quartier général. Plus de danger aujourd’hui : les malandrins ont disparu ou ne se montrent plus et les prostituées sont cantonnées plus à l’est, vers la rue saint Denis et la rue Blondel, où évidemment je ne conseillerai à personne de photographier les passants pour le « pittoresque »… Mais sur le petit périmètre de ce qui fut le centre de la pauvreté et de l’exclusion de la capitale, ce sont les ateliers de couture qui ont pris le relais et, pour accompagner vos pas, le ron-ron des machines à coudre ou le roulement sonore des chariots des petits journaliers qui déménagent portants de robes ou cartons de fringues branchées d’un magasin à l’autre. C’est le moment de guetter ce que sera la mode de cet été: les chapeaux et les rubans font un retour en force et les pastels seront de mise. Il n’y a plus qu’à dénicher le petit haut pour aller avec. (2006)
© gérard Laurent pour ParisCool, les photos de Paris