A deux pas de la prestigieuse manufacture des Gobelins, la rue Berbier du Mets, ancienne ruelle des Gobelins, aligne sagement les façades magnifiques d’un des côtés du Château de la Reine Blanche, auquel on accède par la rue Geffroy. La rue a été tracée sur le lit enfoui de la Bièvre. Ici les réverbères sont plus hauts, plus élancés, les murs osent des crépis qu’aucune peinture ne viendra recouvrir et les pierres qui marquent les angles s’arrondissent pour mieux vous laisser passer. Le petit chien m’avait bien repéré et me fixait d’un oeil mi curieux, mi goguenard en suivant sa maîtresse. C’était un bien beau matin, plein de taches de lumière et d’ombres profondes et fraîches.
Minuscule passage entre la rue de Richelieu et la rue de Beaujolais, le passage de Beaujolais offre au promeneur les reflets imprévus de ses vitrines, dissimulées dans l’ombre comme cette boutique de lingerie dont la propriétaire habillait et deshabillait son mannequin fétiche au réalisme inquiétant et séducteur. J’ai bien peur que la boutique ait disparu sous les coups de boutoir d’une rentabilité fuyante… (2008)
C’est au 74 du faubourg Saint Antoine qu’on peut admirer cette magnifique verrière, témoin de la splendeur passée de ce haut lieu de l’activité du meuble. Au-dessus, une gigantesque cheminée qu’on aperçoit mieux depuis le passage Lhomme, se dresse fièrement vers le ciel. Verrière et cheminée sont inscrites à l’inventaire des monuments historiques. (photo et commentaire 2006)
Connue avant guerre pour ses très nombreux bals populaires, dont le Balajo reste un des plus célèbres et continue d’ailleurs à animer les soirées du quartier, la rue de Lappe, aux portes du faubourg Saint Antoine, était le lieu de détente des nombreux ouvriers du quartier et le lieu d’encanaillement des bourgeois, un peu comme Montmartre au début du siècle. Ruelles, bars, bals, mauvais garçons et prostituées faisaient l’attrait de ce coin de paris, réputé pour être le foyer de toutes les révolutions et autres mouvements populaires et revendicatifs. Aujoud’hui, les bars a tapas ont remplacé les petits cafés et les antiquaires pris la place des épiciers et autres Bof. Il reste encore quelques bistrots pour les nostalgiques, comme « Les Sans-Culottes » au 27, et une vie de quartier qui demeure étonnament chaleureuse. On se souvient du film de Cédric Klapisch, « Chacun Cherche son Chat » et de sa galerie de personnages attachants. Ils sont toujours là , un peu effrayés par l’évolution très rapide de leur quartier, mais fermement décidés à ne pas laisser les bourgeois leur voler leur vie de quartier. Ce n’est pas gagné. (2004)
Quel meilleur endroit que la cour du havre de la gare saint lazare pour cette magnifique sculpture d’Arman, intitulée « l’heure de tous »? On dit parfois qu’un train qui arrive à l’heure ne fait pas les gros titres, mais avec cette oeuvre là , toutes les heures sont désormais propices pour n’importe quel voyage. il suffit de choisir la sienne… et de sauter dans le train!
C’est à Louis XIV que l’on doit l’église Saint-Louis-des-Invalides et son célèbre dôme sous lequel repose désormais Napoléon, empereur adulé pour les uns ou conquérant sanguinaire pour les autres. L’armée a fait de l’ensemble de l’hôtel son musée. Magnifiques canons dans la cour pour les amateurs.
L’histoire du pont de la Tournelle fait penser très fort au fameux sketch de la visite du château de Jacques Dufilho, dont la chapelle avait été entièrement, et plusieurs fois, détruite, brûlée et saccagée, mais que l’on visitait toujours. Le premier pont construit à cet endroit, ou du moins le premier dont on parle, le fut en bois, simple passerelle donc que les crues emportèrent bientôt. Le second, toujours en bois, fut emporté également quelques années plus tard, mais par les glaces cette fois. Comme on avait décidé de lotir l’île Saint Louis et que rien ne peut arrêter un bon projet immobilier, un pont sérieux devenait indispensable pour permettre à ses nouveaux habitants de gagner le quai saint bernard. Ce fut un certain Christophe Marie qui le rebâtit, en pierre cette fois. Six arches furent nécessaires pour résister aux flots tumultueux. Cela génait bien un peu la navigation fluviale, mais il résista mieux que ses précécesseurs, et il fallut attendre la crue de 1910 pour lui faire entendre raison. Le courant déchaîné lui infligea ce que les architectes nomment joliment des désordres. On dut le détruire en 1918 et on se résigna donc au béton. Les architectes, Pierre et Louis Guidetti, eureut le bon goût de le parer de pierres de taille et le sculpteur Paul landowski plaça sur son unique pile une statue de sainte Geneviève. Depuis, la patronne de Paris veille sur les destinées du pont de la Tournelle.
Deux hectares de paix, de beauté et d’harmonie en plein coeur de Paris, cela ne se refuse pas. Chaque midi, nombreux sont les parisiens avisés qui viennent y faire une petite pause, dès qu’un petit rayon de soleil pointe le bout de son nez. Les chaisières ayant disparu depuis longtemps, on peut poser sa chaise à son gré et ne pas compter le temps de sa paresse… Les amateurs de pierres chaudes se rangeront en rang d’oignon contre la façade nord pour profiter au maximum des rayons du soleil, les solitaires iront s’installer en plein milieu d’une allée, l’espace permettant quelques instants de se persuader que le centre du monde est finalement là où on s’assied.
C’est une curiosité : comme le canal de Briare passe au dessus de la Loire grâce à un pont-canal, la rue de Bellefond passe au-dessus de la rue Pierre Semard et pour passer de l’une à l’autre, le piéton téméraire devra gravir les marches d’un étroit escalier. Alors quand une mère de famille et son landau rencontre une jeune fille plongée dans sa lecture, l’embouteillage est inévitable. Rassurez-vous, la jeune lectrice céda la place avec le sourire et prêta même la main à l’ascension.
Les cours du Louvre et les quais de Seine communiquent au niveau de la place et du pont du Carrousel par quelques arcades aménagées entre le Pavillon de Trémoille et le Pavillon de Lesdiguières. Quant à cette aile du Palais, elle date d’Henri IV, beau parrainage pour le quai François Mitterrand. Moins fréquentéee que la cour Napoléon et sa fameuse Pyramide toute proche, interdite de trépied pour les photographes, ce coin garde tout son charme, en particulier en fin d’après-midi, quand les ombres s’allongent sur les pavages.